Sans rire, quel est le dernier bon beat them all auquel vous avez joué ? Depuis la grande époque des années 90-2000, il ne doit pas y en avoir des masses... C'est également le constat des petits français à l'origine de Streets of Fury, et c'est pour ça qu'ils ont décidé de tenter leur chance...
Haaa, la grande époque dorée des jeux de bastons. On croulait sous les références : Double Dragon, Streets of Rage, Final Fight, Captain Commando, Guardian Heroes, Golden Axe et j'en oublie des dizaines. Du fin fond de la capitale parisienne (mais aussi un peu du Canada), quelques développeurs français ont saisi leurs claviers et se sont lancés dans la conception d'un beat them all à l'ancienne. Pour la petite histoire, Streets of Fury, la toute première version, existait déjà depuis un certain temps sur Xbox 360. Aujourd'hui, c'est en version "Ex" (pour Extended Edition) qu'il débarque, avec une multitude d'améliorations, d'ajouts et de changements, à tel point qu'il ne serait pas hors de propos de le qualifier de Streets of Fury 2.
Streets of Fumette
Dans Streets of Fury, on reprend tous les ingrédients qui ont fait le sel des beat them all des décennies précédentes : un défilement horizontal vers la droite, des héros increvables, une nuée d'ennemis qui arrivent de part et d'autre et un bon gros boss de temps en temps. Ce qui frappe de prime abord, c'est évidemment le parti-pris artistique. Les personnages n'ont pas été dessinés, puisqu'il s'agit d'incrustations digitalisées d'acteurs "maison". Cet aspect fortement désuet est aussi repoussant qu'amusant, mais je dois avouer que cela donne un charme idiot à l'ensemble. Ce côté "gros nanar" semble totalement assumé par les développeurs et Streets of Fury Ex ne se prend jamais au sérieux, comme en atteste son scénario écrit de main de maître. Jugez plutôt : dans un Paris submergé par les quartiers révoltés et les gangs en tout genre, la capitale est désormais hors de contrôle. Le gouvernement, dans un dernier sursaut d'espoir, a fait appel à un gang de combattants de Los Angeles pour en venir à bout. Voilà, vous voyez mieux le genre maintenant ?
Fatal Fighters
Mais attention : jeu amusant et totalement second degré ne veux pas forcément dire titre dénué de toute profondeur de gameplay. Streets of Fury Ex arrive à surprendre avec un système de combat à la fois simple à prendre en main et suffisamment développé pour être intéressant plus d'une partie. Coup fort, faible, fury, combos, esquives, combos aériens, les variantes ne manquent pas et on enchaîne les bastons en trouvant régulièrement de nouveaux coups. Un peu à la manière d'un Guardian Heroes (excellent titre sorti sur Saturn en 1996 et sur Xbox 360 en 2011), il est également possible de se déplacer sur différents plans, ce qui rajoute un poil de profondeur. Idem pour le système de garde, qui implique de gérer sa barre de stamina au fur et à mesure des coups reçus, et qui empêche le joueur de rester recroquevillé trop longtemps dans son coin. Malheureusement, tout cela ne suffit pas à gommer la grande répétitivité du titre. En dépit du délire général qui nous décroche quelques sourires, les combats sont plus souvent harassants qu'excitants : les ennemis clonés arrivent par vagues incessantes et une certaine apathie générale rend les enchaînements et les affrontements peu excitants, sans parler du comportement de certains ennemis, carrément lymphatiques.
Ça pique les yeux
C'est un fait, Streets of Fury Ex ne pourra pas faire l'unanimité d'un point de vue artistique : il faut une bonne dose de second degré pour ne pas s'enfuir en courant devant l'aspect totalement ringard des personnages digitalisés. On ne va pas se mentir, c'est marrant 5 minutes, mais ce n'est ni très beau ni bien animé. Les décors sont également simplistes et techniquement parlant, c'est service minimum. L'avantage, c'est qu'il vous sera facile de l'installer sur une petite bécane itinérante, comme un ordi portable, histoire de pouvoir y jouer facilement chez un pote à droite ou à gauche, même si la configuration recommandée exige tout de même une carte graphique de type Radeon HD 4770 ou GeForce 8800 GTX...
Pour rire
De leur côté, les musiques sont bien dans le ton, avec des sonorités volontairement rétro et parfois même assez bien inspirées, mais on reste encore loin des références du genre (Hotline Miami en tête). Malgré un contenu plutôt honnête, avec une quinzaine de personnages jouables tous très différents, plusieurs modes de jeux pour varier les plaisirs et un mode multijoueur sympathique (jusqu'à 4 joueurs simultanément), Streets of Fury Ex finit inexorablement par montrer ses limites. En d'autres termes, c'est un peu le jeu à lancer entre amis pour voir naître quelques éclats de rire lors d'une soirée un peu trop mollassonne, mais certainement pas le nouvel étalon du jeu de baston.